Forum yaoi, +18, thème fantasy anges, démons, déchus, primordiaux. Quatre races opposées dans l'idée de récupérer la meilleure part du gâteau pour eux.
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]

Aller en bas 
AuteurMessage
Andréalphus Nisroch

Andréalphus Nisroch

Politicien en jupette

Politicien en jupette


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptySam 24 Mar - 23:41

Alors qu'Andréalphus s'était rendu sur les rives du Styx pour admirer les lueurs qui flottaient au dessus du fleuve, il fit la connaissance d'un jeune ange un peu idiot. Alors qu'il tentait de le convaincre de rentrer à la Géhenne avec lui, ils se firent attaquer par deux revenants : Shaeras Nisroch et un démon mineur inconnu.

Les deux, peu intéressés par l'ange, se focalisèrent sur le jeune démon. Alors que celui qui avait l'apparence de son père l'assommait de reproches en affirmant que Malphas était un meilleur chef de famille, le démon mineur, Whïln, comptait bien ramener Andréalphus à Hellheim pour en profiter. Après tout, le petit brun n'est rien de plus qu'une catin.

La peur, ainsi que l'impossibilité de se défendre, les blessures, poussèrent Andréalphus à faire appel à l'artefact que lui avait offert Caleth. Quelque chose pour appeler à l'aide... Ne restait plus qu'à espérer que son amant, ou même l'armée, quelqu'un, vole à son secours...
Revenir en haut Aller en bas
Caleth Sha-Mothbeor

Caleth Sha-Mothbeor

Foudre de Guerre

Foudre de Guerre


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyVen 30 Mar - 14:03

Les brumes colorées se levant sur le Styx semblaient occuper toutes les conversations. Depuis le conseil de guerre où avait été mis en place une stratégie de sécurisation des berges fréquentées de plus en plus largement par le public, aux discussions entre les membres de mon unité dont certains se donnaient rendez-vous pour y assister, ou relataient l’expérience qu’ils en avaient eue, souvent en bonne compagnie - ce qui ne manquait jamais de leur attirer ma vindicte au moindre commentaire scabreux - jusqu’à mes domestiques qui étaient allés jusqu’à me proposer de me préparer un panier repas pour aller profiter du spectacle. Les serviteurs du manoir étaient VRAIMENT très prévenants à mon égard, et j’en venais parfois à me demander ce qui suscitait ces attentions. Peut-être n’étais-je tout simplement plus habitué à avoir des personnes dédiées à mon bien-être. Ou peut-être cherchaient-ils à me faire sortir plus régulièrement. L'entraînement de mes hommes était mon activité quasi exclusive, avec les rapports que j’en faisais en rentrant pour mettre au point d’autres exercices de cohésion. Je devais admettre que la personne avec laquelle je passais le plus de temps en dehors de mes obligations était… un ange. Et occasionnellement Auctuns lorsqu’il s’invitait à dîner à la fin de la journée. J’en étais encore à mobiliser mon courage pour inviter d’autres démons chez moi, et je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais commencé à rédiger une missive pour le manoir du Seigneur Nisroch, pour finalement la froisser et la jeter, de crainte d’envoyer… le mauvais signal.

Mais nous nous étions déjà retrouvés quelques fois au salon de thé qui constituait mon point de chute incontournable quand je me rendais en ville. Mon cadet se fondait admirablement dans le décor pastel et raffiné du lieu et semblait l’apprécier. Surtout les attentions que les serveuses ne manquaient pas de nous prodiguer quand nous nous y rendions ensemble. Les sourires béats et les démonstrations d’affection presqu’infantilisantes dont nous étions l’objet jouaient parfois avec les limites de ma patience, mais le Seigneur Nisroch ne refusait jamais les compliments sur ses tenues et le plaisir évident du personnel à nous recevoir.

A force de me faire rebattre les oreilles à longueur de journée avec ces histoires de brumes, je finis par me décider à libérer une soirée de ma routine administrative pour m’y rendre. Je pensai un instant à proposer à Mahaziah de m’accompagner. Sortir lui ferait certainement autant de bien qu’à moi. Mais je gardais à l’esprit que si des patrouilles circulaient, c’était parce que nous ne savions toujours rien sur l’origine du phénomène. Je ne pouvais pas lui faire courir ce risque. Et depuis la récente promotion d’Auctuns et ses avertissements sur l’opinion que d’autres pourraient s’en faire, j’étais un peu plus réticent à lui demander de m’accompagner dès que je mettais un pied hors de chez moi.

Quant au Seigneur Hornek… je l’imaginais assez difficilement s’extasier sur des volutes de fumée colorée. Je visualisais par contre sans difficulté son expression goguenarde si je lui proposais de m’accompagner pour… nous asseoir sur les berges et contempler l’horizon ? Son rire résonnait déjà à mes oreilles. Et j’avais plus que largement épuisé auprès de lui le quota de ridicule que j’aurais pu m’autoriser face à un pair.

Je me résignai à y aller seul. Après tout, je n’avais pas besoin d’être accompagné pour juste… voir de quoi il retournait. Je repoussai une énième tentative d’un serviteur de me glisser un panier de victuailles et une bouteille de vin, et gagnai les écuries.

Je réalisai l’ampleur de l’engouement pour le phénomène lorsque j’atteignis la proximité du Styx. Ca n’était pas vraiment un lieu privilégié de promenade, d’ordinaire. Maintenant, des vendeurs proposaient divers biens et services aux visiteurs, et des écuries temporaires avaient même été installées. Ces attroupements conséquents de civils dans une zone potentiellement dangereuse témoignaient bien de la nécessité d’assurer leur sécurité quand eux-même pouvaient se montrer aussi inconscients. Je repérai d’ailleurs une patrouille de la IIIème légion, non loin.

Naviguer dans une foule n’était pas l’exercice le plus plaisant, pour moi. Fort heureusement, beaucoup étaient assis, installés sur des fourrures ou des étoffes, tous rangs sociaux confondus. Les brumes commencèrent à s’élever, et malgré tout mon scepticisme quant à ce qui pouvait alimenter l’enthousiasme général, je restai un instant absorbé par le spectacle des volutes multicolores et des formes fantomatiques qu’il me semblait y apercevoir. L’odeur de viande grillée proche me tira cependant de ma contemplation, et je me dirigeai vers le vendeur pour le délester de deux brochettes. J’avais laissé des instructions pour le repas de Mahaziah, en omettant de me soucier de mes propres besoins, trop accaparé par l’idée de cette escapade sur les bords du Styx. Je n’avais jamais eu un appétit conséquent et depuis que mes journées n’étaient plus rythmées par la vie du camp, il m’arrivait régulièrement d’oublier purement et simplement de manger, trop pris par une lecture ou la rédaction d’un compte-rendu, pour me retrouver en pleine nuit à explorer les cuisines à la recherche de ce qui pourrait calmer les récriminations de mon estomac délaissé.

J’abaissai mon masque et mâchonnais un morceau de viande sur sa pique, mon regard se promenant autant sur le public que sur le phénomène l’ayant attiré, quand le mouvement de quelqu’un s’approchant attira mon attention. En reconnaissant la silhouette élancée et la longue chevelure de jais, je ramenai derrière moi la main tenant les brochettes, dans un réflexe que je n’aurais pu expliquer.



Le Général Syorn ne parut pas se formaliser. Après avoir partagé nos appréhensions communes sur le phénomène des brumes et abordé les sujets sensibles qui n'avaient pas leur place en salle de conseil, nous nous séparames et je restais à l’écart de la foule, préférant ne pas avoir à saluer le nombre grandissant de démons qui pensaient pouvoir s’adresser à moi comme à une connaissance parce que nous avions échangé deux mots lors de la cérémonie officielle au palais. J’avais remis en place mon masque, rabattu ma capuche sur ma tignasse indisciplinée, et je m’étais assis un moment loin des flambeaux, dans une pénombre relative, pour contempler les brumes, le menton posé sur mes genoux repliés, invisible aux promeneurs, et quasiment indétectable dans mes habits amples et sombres, tant que je conservais mon aura raisonnablement rétractée.

J’avais beaucoup à méditer suite à ma conversation avec le Général Orneys, mais j’étais soulagé de m’être déchargé de ce que j’avais à lui dire concernant mes liens avec le Seigneur Nisroch, et ma position sur l’officialisation de sa relation avec le Seigneur de Guerre. Et surtout, il n’avait pas abordé le sujet des rumeurs s’étant répandues suite à mon séjour chez ce dernier, ce qui prouvait à mon sens le peu de cas qu’il en faisait. Je ne pouvais que m’en réjouir. A moins que… je chassai le doute de mon esprit. Le Général était un démon direct, et si nous avions eu quelque chose à régler…

Mon répit avait été de courte durée et mon esprit s’emballait déjà sur ce nouveau doute. Je me relevai prestement, agacé, n’ayant plus du tout l’esprit à contempler le spectacle sur le Styx.

C'est le moment précis où le spectacle des brumes se mua en scène surréaliste, et j'étais sur mes pieds quand une silhouette encapuchonnée s'approcha, accompagnée d'un lynx des neiges, indifférente au phénomène extraordinaire et aux exclamations et cris qui commençaient à s’élever de la foule, plus loin. Cette attitude me mit encore davantage sur mes gardes et je dégainai mon arme, me mettant en position d’attaque alors que l’énergie affluait librement le long de mon dos jusque dans mes bras. Me débarrasser de l’animal en le fauchant à l’épée. Mes dagues seraient plus appropriées contre l’étranger qui semblait fluet, donc probablement plus rapide que puissant.

Ils s’arrêtèrent à quelques pas de nous, et je ne ressentais pas d’aura hostile.



“Identifiez-vous !”, intimai-je d’un ton rogue.

L’inconnu repoussa le capuchon qui masquait ses traits et…

J’eus conscience que mon bras s’était abaissé et que la pointe de mon épée avait touché le sol au léger contrecoup dans mon poignet. Avoir brisé ma garde n’avait pas d’importance. Il n’y avait pas vraiment de danger. Ca n’était pas vraiment réel. ELLE ne pouvait pas être réelle. Mais toutes les scènes qui avaient mené à ce moment m’avaient pourtant paru l’être.

Ses traits… je réalisai que je ne m’en étais pas parfaitement souvenu jusque là. J’avais encore à l’esprit un souvenir de son visage mais… les détails m’en revenaient à présent, face à leur modèle original. Dans mes rêves, jamais son image n’avait paru si concrète, tangible.

“Ca n’est pas possible. Tu étais… morte. Baelsab m’a dit que tu étais morte !”

Ma voix avait enflé sans que je le veuille, et j’avais perdu le contrôle des aigus que je dissimulais d’ordinaire pour que mon timbre semble plus mûr. Aurait-il osé s’abaisser à cette infamie ? Jusqu’à ériger une fausse sépulture pour me tromper et tenter de me briser ? Évidemment, je n’avais jamais cherché à confirmer l’information. Qui aurait songé à le faire, dans une telle situation ? Alors que j’avais voulu fuir la réalité de mon abandon. Alors que je m’étais bercé de l’illusion de retrouvailles, durant les siècles passés dans ma réclusion volontaire au sein de l’armée, pour voir mes espoirs fauchés le jour où j’avais osé remettre les pieds au manoir familial, traînés dans la boue de la moquerie et de la cruauté de mon frère.

Sa voix me parvint, fantôme de mon enfance, ce timbre rassurant qui avait été le seul à ne jamais se charger de méfiance, de haine ou de mépris à mon égard, au sein de la demeure Sha-Mothbeor.


“Je ne savais pas. Je serais venu… te chercher !”, plaidai-je, et alors que je faisais un pas dans sa direction, sa première remarque, trop douce pour être un reproche, me rappela que mon arme était toujours sortie, et je la rengainai hâtivement, maladroit.

Avait-elle cru que mes années de Légion m’avaient éloigné d’elle, que c’était pour cela que je n’avais pas cherché à reprendre contact, alors que ma première pensée en prenant possession de mon manoir avait été le regret amer qu’il soit trop tard pour qu’elle puisse m’y rejoindre ? Et elle, pourquoi ne m’avait-elle pas écrit en apprenant la nouvelle de mon changement de statut ? Est-ce que Père maintenait sur elle la chape d’isolement sous laquelle il m’avait écrasé avant de me livrer à l’armée ?

La sensation d’une menace fit vibrer mon pouvoir élémentaire avant qu’elle ne s’interrompe, un inconnu la rejoignant. Un infernal. Son apparence bestiale aurait trahi sa nature si son aura ne l’avait fait. Pourquoi ma mère restait-elle si proche de lui ? Est-ce qu’elle ne sentait pas le danger ? Je pouvais compter sur ma rapidité pour le frapper avant qu’il ne puisse s’en prendre à elle. Mon épée était revenue dans ma main en un réflexe presqu’inconscient et mon aura enfla alors que je prenais mes appuis pour me lancer sur l’ennemi, la foudre parcourant mes muscles pour les renforcer.

Les paroles de ma mère fauchèrent mon initiative comme mon élan et je chancelai, confus et hébété.


“Quoi ? Mais…”

Mon regard passa de l’infernal à l’attitude arrogante, à ma mère qui semblait lui manifester… de la déférence ?! Je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre. Qu’est-ce qui pouvait m’échapper ? Pourquoi se serait-elle rangée de leur côté ? Des cris continuaient à retentir au loin. Les civils. Il y avait d’autres infernaux. Je devais réagir.


Je me mis en posture d’attaque.

Elle me mit en garde de nouveau et je me tendis sous l’avertissement de la riposte qui suivrait si j'attaquais, les muscles tremblant sous l’effet de la foudre qui cherchait à se libérer, contenue depuis trop longtemps. Sa dernière phrase m'intimant de me soumettre me fit me raidir, l’air se bloquant brièvement dans mes poumons, alors qu’une vague glacée semblait parcourir mes veines, formant une boule froide dans mes tripes, figeant mon coeur, engourdissant mes extrémités. Elle ne pouvait pas… avoir dit ça. Elle ne pouvait pas m’avoir demandé de…


“Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?”

L’interrogation m’échappa dans un gémissement désemparé. Elle aurait pu me demander n’importe quoi, et je me serais exécuté. Elle aurait pu me dire de combattre face à vingt infernaux, et je l’aurais fait. Mais me soumettre… nous avions passé des décennies à résister tous deux à l’oppression de mes frères et de mon père. Elle m’avait relevé à chaque fois. Elle avait séché mes larmes si souvent que je pouvais encore sentir le contact humide de son mouchoir ou de sa jupe contre ma joue. Elle m’avait soutenu parfois par son silence, parfois par quelques paroles fermes. Et quelque soit l’état dans lequel je m’étais réfugié auprès d’elle, humilié, terrorisé, l’esprit proche de la rupture… jamais elle ne m’aurait incité à courber l’échine. Elle savait que c’était tout ce qui me rattachait encore à un semblant de sanité. Ce qui m’avait évité de me transformer en animal sans conscience à l’instinct destructeur, ou en bête servile. Lorsque j’étais enfant, imaginer laquelle de ces deux options aurait été la pire m’avait tenu éveillé des nuits entières, baigné de sueurs froides.



Elle n’était pas pas alliée aux infernaux. C’était impossible. Et elle ne m’aurait jamais… jamais demandé de baisser les armes. Ils l’avaient certainement sous leur contrôle, d’une façon ou d’une autre… Ils avaient osé…
Je laissai l’énergie me parcourir à nouveau, le coeur battant, la gorge nouée sur un grondement. Les étincelles crépitèrent sur mon poing refermé sur la poignée de mon épée, et la lame vibra en résonance avec les assauts de la foudre. Je n’étais pas… stable. Mais je devais attaquer, et cette seule pensée focalisa mon champs de vision sur mon adversaire. Éliminer la cible la plus proche de ma mère. Envoyer une de mes dagues chargées sur le Vizrès pour le clouer au sol. Me charger de l’infernal. La vitesse d’exécution du lynx était la clef.

Mon impulsion me propulsa sur l’animal, mon épée fauchant en direction de son échine par le côté qui n’était pas couvert par ma mère, les muscles bandés par l’énergie, prêts à porter un coup qui trancherait en bonne partie sa tête. Ma mère ordonna à l’animal de m’attaquer. Cette constatation peinait à se frayer un chemin à travers le brouillard de ma confusion. Elle pénétra lentement mais sûrement la barrière de ma concentration sur le combat en cours, la faisant voler en éclat, et les griffes du lynx harponnant mon flanc en une frappe qui me coupa le souffle en furent la sanction immédiate. La douleur brûlante suffit à ramener mon attention sur le fauve, et une impulsion m’évita la chute, m’extrayant de son emprise dans un déchirement de tissu et de chairs.

Je ne devais pas me laisser déstabiliser en constatant l’étendue des dommages. Je ne pouvais de toute façon rien y faire, ne disposant pas de ténèbres pour ériger un pansement de fortune. Je mobilisai un renfort localisé crispant mes muscles sur la zone touchée pour ralentir le flot de sang que je sentais imbiber ma tunique et mon pantalon. L’infernal était venu s’interposer entre nous. Je devais me débarrasser rapidement de l’animal pour affronter l’infernal et secourir ma mère. Une de mes dagues chargées vola pour se planter dans la cuisse du Lynx, son arrière-train s’affaissant sous la décharge, et il prit ses distances en reculant maladroitement, traînant la patte. Il ne renonçait pas pour autant, et j’étais décidé à porter le coup de grâce. Mais Elisedd coupa court à mon offensive en me faisant face.

Elle que j’avais toujours connue si composée, presque froide, faisant preuve de retenue jusque dans ses démonstrations d’affection, me fixait à présent avec un courroux qui fit se recroqueviller mon aura. Peu importaient mes blessures, l’urgence du moment, ou les cris qui retentissaient autour de nous. J’aurais pu être à nouveau l’enfant transi sorti du puits, les mains écorchées serrant un cadavre de Varyah à la fourrure humide, tant la douleur, la frustration de l’impuissance et la culpabilité étouffante se disputaient à nouveau chaque parcelle de mon esprit et de mon corps. L’apparition de lames de ténèbre l’encerclant me fit sursauter, et je secouai doucement la tête.


“Non… je veux juste que…”

Mon regard se déplaça rapidement d’un adversaire à l’autre. Je ne devais pas les ignorer. Je ne pouvais pas commettre deux fois la même erreur. La prochaine pourrait m’être fatale. Le Lynx m’observait, ramassé dans l’attente d’un ordre d’attaque, léchant sa patte avant aux chairs lacérées par mon épée. La main que je tendis vers elle tremblait, et je m’en détestai.

“Rentre avec moi. Je t’en prie...”

C’était MA voix. Pas celle que je m’obligeais à assourdir, à maintenir dans les octaves les plus bas. C’était la voix qu’elle connaissait, et qui ne m’était plus familière depuis longtemps. La voix qui m’avait trop souvent servi à protester, hurler, supplier. Pas celle à laquelle mes hommes obéissaient. Était-ce pour cela que ma mère restait également insensible à ma demande ?


Un autre appel perça nettement ce cocon de confusion. Un cri que moi seul pouvait entendre, non articulé, véhiculé par des émotions primales, et par la magie qui liait l’artefact que je portais à l’oreille à celui identique du Seigneur Nisroch. Terreur. Souffrance. Mon énergie élémentaire y répondit en bondissant sauvagement le long de mon dos et de mes bras, illuminant l’obscurité relative d’éclairs bleutés, crépitant jusque dans ma chevelure. L’odeur d’ozone envahit mon odorat déjà saturé par la saveur métallique du sang. Mon cœur semblait battre à mes oreilles alors que je serrais les dents en canalisant les crispations violentes de mes muscles. Mon corps réclamait l’action, la décision que mon esprit n’était pas prêt à contempler. Je devais bouger. Je devais agir. J’étais en train de me laisser emprisonner par la situation. Esquiver, contourner, échapper.

Je fis mine de me jeter sur ma mère, et ses lames, que je la voyais matérialiser pour la première fois, ne purent m’atteindre alors que je feintais à la dernière seconde pour l’effacer de ma ligne de tir et lancer ma dernière dague sur le Lynx. Ses postérieurs handicapés par première ma lame toujours fichée dans sa cuisse, une de ses pattes avant mutilée par mon attaque initiale, il ne pouvait échapper à mon lancer. Avais-je trop axé récemment mes entrainement sur le combat au corps à corps ? Le trop plein d’émotions violemment divergentes m’avait-il rendu instable au point de ne plus maîtriser mes réflexes renforcés par mon pouvoir ? Ma blessure était-elle plus handicapante que je ne l’avais cru ? Mon tir n’était pas assez puissant et son manque de vitesse permit au félin d’échapper à un coup qui aurait dû être mortel, la dague lui déchirant l’épaule alors qu’il bondissait, au lieu de le cueillir une fraction de seconde plus tôt et de lui transpercer la gorge.

Il ne me restait que mon épée, et j’y relâchai une partie de mon énergie dans un cri rageur en me jetant à sa rencontre, la foudre m’auréolant dans un concert de claquements secs et d’éruptions d’arcs lumineux. L’animal était mort avant même que mon épée ne le transperce, son cœur déjà affaibli par la perte de sang ayant sans doute cédé sous une impulsion électrique qui l’avait atteint avant ma lame. La pointe de celle-ci était restée suspendue dans le vide, à quelques centimètres de son poitrail, son élan meurtrier arrêté net par la main qui avait étreint mon bras. Le corps de l’animal s’effondra en premier, suivi de près par celui de ma mère. Je la retins, mécaniquement, l’attirant contre moi alors que mes yeux ne parvenaient pas à se décrocher de ses doigts délicats raidis sur mon poignet, de cette prise qui ne se desserrait que lentement, la foudre quittant les articulations crispées par son contact. L’odeur âcre de la chair brûlée. Les extrémités des mains pâles noircies par la décharge électrique. Je ne pouvais pas l’écarter de moi. Je ne pouvais pas contempler son visage, l’image de celui de ma défunte sœur s’imposant à mon esprit en une grimace horrible, plaques de chairs éclatées et suppurantes, mélange nauséeux de rose, d’écarlate, de noir. Sa tête roula sur mon épaule, et je ne reconnus pas le parfum de sa chevelure, que j’avais toujours associé au parfum des roses blanches de la tonnelle, au fond du parc. Non, celui-ci était...

Terreur. Souffrance. J’avais attaqué. Malgré son avertissement. Confusion. Peur et honte. Les signaux se faisaient de plus en plus puissants, de plus en plus rapprochés. N’étaient-ce que les effets de l’artefact, ou mes propres sentiments ? M’agenouillant, je laissai glisser le corps à terre, décrochai un à un les doigts encore lâchement fermés sur mon poignet. Ne pas regarder. Je savais ce que je verrais. Ce que j’avais déjà vu. Sur le visage du déchu Unael. Sur celui de ma sœur. Certainement sur celui de mes hommes, si leurs corps n’avaient pas déjà été renvoyés à leurs familles quand j’avais été en état de quitter la tente de l’infirmerie…

Je me redressai et me détournai du cadavre sans baisser les yeux. Plus loin, seul l’infernal était encore debout. Mes talons se plantèrent dans la poussière des rives du fleuve et je pris mon impulsion, l’énergie renforçant mes muscles, augmentant la portée de mes foulées, accélérant mes élans. J'eus conscience d'une arme frolant mon bras avant que ma foudre ne se décharge de nouveau, effaçant la silhouette devant moi. Guidé par l’intensité de l’appel de l’artefact, assailli de toutes parts par le maelstrom de douleur autant psychique que physique sans parvenir à discerner ce qui m’appartenait dans ce chaos, je repoussai toute évocation de ce que je laissais derrière moi.





Des cris, des hurlements humains et animaux. L’odeur du sang et les perturbations des éruptions magiques, de toutes parts. Des démons se battant contre d’autres démons, rendant souvent impossible à démêler qui étaient les agresseurs et les agressés. Un bestiaire improbable où que se porte le regard. Des auras primordiales heurtaient parfois la mienne alors que je me ruais vers la source de magie reliée à l’artéfact, et mon épée fendait l’air, presqu’à l’aveugle, sans que je sache si elle avait atteint une cible ou non tant la foudre imprégnait maintenant chaque fibre de mon être en un vrombissement ininterrompu, mon œil droit parcourant la foule à la recherche d’Andrealphus avec une acuité et une rapidité qui rendait la vision du gauche au mieux floue, instillant un vertige nauséeux renforcé par les dissonances émotionnelles qui me donnaient l’envie quasi irrépressible d’arracher le bijou à mon oreille. C’était trop. Trop douloureux. Trop oppressant. Des arcs électriques parcouraient mon corps à chaque nouvel aiguillon de peur ou de douleur, se mêlant à ma souffrance, ajoutant à ma confusion. Je devais régulièrement me rappeler de maintenir une pression musculaire continue sur mon flanc déchiqueté.

Je l’aperçus enfin, un peu à l’écart de la foule, et sans cet isolement relatif je ne l’aurais probablement pas vu, ou seulement en arrivant à ses côtés. Il était à terre. Je ne distinguai pas immédiatement le visage du démon qui le surplombait, prêt à le frapper de nouveau. Je ne le découvris que lorsque mes yeux suivirent mécaniquement le mouvement comme ralenti de sa tête roulant au sol, tranchée nette par mon épée en un geste que je ne me souvenais même pas avoir amorcé. Je clignai instinctivement des paupières quand le sang jaillissant de son corps chancelant m’aspergea, et la barrière de mon corps interposé entre l’agresseur et Andrealphus n’épargna pas totalement à ce dernier de recevoir également les retombées du geyser écarlate. Le cadavre s’effondra et je le repoussai d’un coup de pied, les impulsions erratiques de l’énergie dévorant mes muscles l’envoyant plus loin que je ne l’avais prévu, jusque dans les jambes d’un… ange ?

Haletant, je me tournai vers le jeune démon, et amorçai le geste de lui tendre la main pour l’aider à se relever, avant de la rétracter vivement en constatant qu’elle était parcourue de filaments bleutés crépitants. Je reculai précipitamment, instaurant une distance de sécurité. Je ne parvenais pas à contenir les manifestations énergétiques. Il y avait trop de… chaos, à l’intérieur comme autour de moi. Je portai la main à mon oreille sertie du clou, fixant le Seigneur Nisroch en l’implorant.

“Je vous en prie, arrêtez ! Je ne peux pas…”

Mon corps tremblait sans que je parvienne à contrôler les soubresauts de mes muscles tétanisés par la foudre. Un éclair jaillit de ma main pour frapper le sol et je bondis en arrière, cherchant désespérément du regard une cible sur laquelle décharger au moins partiellement mon énergie. Quand mon attention se reporta sur mon amant, l’espace d’un instant, un masque noirci et craquelé remplaça son visage tourné vers moi, et la bile m’envahit le fond de la gorge, poussée par mon coeur qui s’y était logé.

“Qui ?!”, suppliai-je.

Je devais éradiquer la source de sa peur, pour soulager la mienne. Je ne pourrais plus en supporter les assauts conjugués très longtemps.


Dernière édition par Caleth Sha-Mothbeor le Lun 2 Avr - 19:11, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Satan

Satan

Premier Démon

Premier Démon


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyVen 30 Mar - 14:13

De toute évidence, Shæras ne s’était pas attendu à ce que l’ange soit aussi vif et vigoureux. Comme souvent, il préférait prendre la mesure de ses adversaires avant de savoir quel potentiel mettre en oeuvre, et se retrouva pourtant sans même s’y attendre, par surprise, coincé sous l’ange, une épée désagréable chargée en lumière le menaçant. La demande le fit sourire de toutes ses dents, et il ne bougea pas d’un poil.

"Ton père ? C’est Whïln qui l’avait en vide burnes, pas moi. Alors, c’est plutôt à lui qu’il faudrait demander..."

Comme Whïln l’avait estimé, le jeune démon majeur ne savait pas se battre. Cela se voyait, aussi bien à son attitude qu’à la peur dans ses yeux, une peur viscérale et suintante, grisante pour lui. Il suffisait de l’attaquer sur deux fronts, éviter un peu les attaques du dragon, réussir à donner quelques coups.

Le démon majeur fut bientôt au sol, d’un coup de pied vicieux, et le démon mineur l’acheva d’un coup à la trachée. Il ne voulait pas le tuer, bien sûr que non, mais lui faire peur, lui faire comprendre qu’il ne pouvait rien contre lui.

"Bien sûr, bien sûr. Tu vas le faire, un jour, plus tard, quand tu auras réussi à te concentrer… Laisse tomber petite pute, accompagne nous gentiment au lieu de nous faire perdre du temps..."

Il posa le pied sur la cheville délicate du démon pour bloquer sa fuite, appuyant juste assez pour le faire couiner de douleur, et sourit plus largement.

"Allez. Un dernier coup pour te décider. C’est le moment d’invoquer ton protecteur..."

Il n’eut jamais le temps de donner ce dernier coup, tout comme son corps, projeté par l’impact, ne retomba ni sur Caleth ni sur Andréalphus. Le père de ce dernier profita de l’attaque impromptue et du corps qui s’écrasa près d’eux pour dégager l’ange d’un coup de ténèbres brutal, se relevant d’un coup pour faire face à la menace. Il n’eut même pas un regard pour l’ange, estimé quantité négligeable par rapport au Haran voltaïque géant auquel il faisait face, et il se drapa d’un bouclier de ténèbres, le visage soudainement sérieux. De toute évidence, il savait à qui il avait affaire.

"Je vois que tu as su prendre un allié à ta taille, Andréalphus. Même si, comme d’habitude, tu sais qui sucer pour te faire protéger… Le Foudre de Guerre. Ils vont être ravis que je te ramène..."

Totalement focalisé sur le soldat, Shæras en oubliait son fils. Son regard ne quittait pas Caleth, le fouet déroulé, prêt à frapper. Sans crier gare, il fonça sur le soldat, dans l’idée de le bloquer rapidement. Ce serait une bonne prise de guerre.
Revenir en haut Aller en bas
Andréalphus Nisroch

Andréalphus Nisroch

Politicien en jupette

Politicien en jupette


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyVen 30 Mar - 14:14

Andréalphus poussa un couinement de douleur lorsque sa cheville fut coincée sous le pied du démon mineur, et chercha à s’échapper. Il avait mal, peur, et ne voyait aucune issue possible… L’idée de se faire frapper à nouveau lui fit écarquiller les yeux, et il leva le bras pour se protéger…

A la place du coup, il sentit quelque chose tomber sur lui. Une multitude de petites choses, en réalité. En relevant la tête, le jeune démon fixa, hébété, le dos de son amant qui s’était interposé entre Whïln et lui, de manière mortelle pour le démon mineur. Le soulagement était soufflé par la brutalité de la mise à mort : il n’avait rien vu, rien compris. L’expression de la tête au sol marquait la surprise, et il prit peur en levant les yeux vers le soldat.

La main nimbée de bleu qui se tendit vers lui lui fit ramener la sienne à lui : il avait l’impression que s’il touchait le soldat, il allait mourir. Tout allait bien trop vite et, même s’il avait eu conscience du pouvoir élémentaire de Caleth depuis un moment, même s’il avait entendu parler de l’incident, il n’aurait pas imaginé que cela prenne de telles proportions.

"Pardon… J’ai peur...", avoua-t-il du bout des lèvres.

Le petit brun eut un cri effrayé lorsqu’un éclair frappa le sol, peinant à comprendre que c’était sa propre peur qui parasitait à ce point Caleth. Celui-ci, comme toujours, ne transmettait pas ses émotions, mais il fallait faire quelque chose.. Andréalphus leva des mains tremblantes vers son oreille, eut un gémissement en réalisant qu’il tremblait trop pour retirer la bague. La question fut assortie d’une remarque désobligeante de son père, et, un instant, tout fut très calme dans son esprit. Il était saturé de peur. Il devait retirer cette source infernale pour son amant. Il eut un cri de douleur en tirant sur le clou, la chair du lobe se fendant facilement, et cette douleur intense fut la dernière information qu’il envoya au soldat.

Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre, lutter contre la nausée qui le prenait à sentir son propre sang couler le long de son oreille et sa gorge, lutter contre les larmes qui lui montaient aux yeux. Il leva la main et tendit le doigt vers son géniteur, fixant Caleth.

"Mon père."

Sa voix avait tremblé, et il chercha à se redresser au possible, à faire face lui aussi. Il devait regarder ça, parce qu’il ne pouvait pas, il ne voulait pas demander à Caleth de tuer pour lui en détournant les yeux. Pour sa part, il contenta de serre l’artefact contre lui, espérant qu’il avait réussi à couper la liaison entre eux...
Revenir en haut Aller en bas
Caleth Sha-Mothbeor

Caleth Sha-Mothbeor

Foudre de Guerre

Foudre de Guerre


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyLun 2 Avr - 19:12

Je vis le Seigneur Nisroch lever les mains vers son artefact, et sa terreur vrillait maintenant mes tympans comme un sifflement strident capable de me perforer le cerveau. Il avait peur de moi. Je l’avais lu dans ses yeux, quand j’avais tendu la main vers lui. L’odeur de son sang se mêla à la symphonie olfactive hurlante qui saturait déjà l’air, lorsqu’il arracha le bijou. Sa présence, ses émotions me désertèrent brutalement. La disparition soudaine du lien oppressant me fit l’effet d’entraves serrées rompues d’un coup de couteau. La place qu’elles avaient occupé dans mon esprit et mes tripes devint un espace immense dans lequel je tombai en chute libre, hagard. Seul.

Il avait peur de moi… et d’autre chose. De quelqu’un. Mon regard, quittant le sien empli de larmes, suivit la direction de son doigt pointé. Le vide se remplissait, comblé rapidement par un bouleversement bouillonnant de ma propre peur, de mon désespoir, de ma rage, une boule incandescente, noire, blanche, rouge, autour de laquelle mon énergie élémentaire entrait en fusion. L’autre. Son père. Il me parlait, et ses mots peinaient à se frayer un chemin jusqu’à moi, à travers le rempart de chaos au sein duquel tout s’effondrait.

Il avait peur de moi, mais recherchait ma protection. Le parallèle avec son frère s’imposa en une vague nauséeuse. Entendre mon titre parvint momentanément à attirer mon attention.

“Me ramener..?” murmurai-je, fronçant les sourcils, tentant de me concentrer malgré les claquements secs de l’électricité qui me nimbait.

Et si je le laissais effectivement me guider jusqu’à eux ? Eux, les infernaux à l’origine du cataclysme. Et lorsque je serais au coeur de leur territoire... devant leur chef… quitte à en crever… son mouvement me fit sortir de ma transe. Un fouet. Il chargeait avec un fouet. Stupide. Un fouet servait à tenir les ennemis à distance. Au corps à corps, il était…

Je réduisis la distance d’un bond, venant à la rencontre de son offensive, et il tenta de déployer son arme avant d’être trop près, pris de court par ma charge. J’en sentis la morsure sur mon épaule et saisis les lanières de cuir tressé avant qu’il ne puisse tirer et m’emprisonner le bras. Je l’attirai à moi d’une secousse sèche, son visage soudain si proche que j’eus le temps d’en sonder les traits à la recherche d’une ressemblance avec son fils. Rien, en dehors de la chevelure brune. Il dévoila son pouvoir élémentaire de terre en transformant le sol sous mes pieds en bourbier mou et instable. Me sentir ralenti décupla ma rage, l’adrénaline faisant refluer les vagues froides qui engourdissaient mes membres.

Détruire la source de sa peur. C’était devenu mon unique objectif. Réduire en cendres la terreur abjecte. Faire disparaître la menace. Mes poings se fracassèrent sur le bouclier de terre qu’il avait érigé à la hâte, le pulvérisant au point d’impact en une pluie de poussière et de gravats, et je saisis une poignée de cheveux d’une main, l’autre se refermant sur la chair, à sa gorge dans un grésillement sauvage et une odeur âcre de la chair brûlée. Ses ténèbres tentèrent de me repousser, mais l’énergie verrouillait mes muscles et mes doigts s’enfoncèrent dans son cou. Je pouvais voir sa bouche s’ouvrir et se tordre, sans qu’aucun son ne me parvienne dans le vrombissement assourdissant de la foudre qui m’imprégnait. Sa barrière de ténèbres disparut à la première impulsion que je libérai. De même que l’étincelle de vie dans ses yeux exorbités. Mes mains continuèrent à lui broyer le cou alors qu’il s’effondrait, et je tombai avec lui, mon corps entier cherchant son contact pour faire circuler l’énergie sur toute sa surface. Ma respiration s’était bloquée. Les décharges étaient devenues mon souffle. Son sang colora ma vision de rouge lorsque son crâne échevelé et noirci éclata, les gerbes de matière organique se mêlant aux explosions d’électricité. Mes muscles tressautaient au même rythme que les siens en une danse frénétique et obscène. Je ne pouvais pas refouler ma magie. Je sentais l’appel vertigineux d’un abîme dévorant et glacial entre chaque impulsion. Ce qui m’entourait se réduisait progressivement à un monde de ténèbres ne s’éclairant sporadiquement que sous les feux bleutées de mon énergie. Le froid avait envahi la moitié inférieur de mon corps, insensibilisant mes jambes. La foudre seule me raccrochait encore à quelque chose, me fournissant la force nécessaire pour ne pas m’effondrer à mon tour. Tant que je la laissais s’exprimer, se libérer, étreindre mon cœur dans son étau impitoyable, je continuais à exister.
Revenir en haut Aller en bas
Andréalphus Nisroch

Andréalphus Nisroch

Politicien en jupette

Politicien en jupette


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyLun 2 Avr - 19:15

Andréalphus se sentait détaché de la scène. Il venait de tendre la main vers celui qui avait été son père, comme si cela n’avait pas d’importance. Il n’imaginait pas que l’issue du combat puisse être autre que la victoire de Caleth, et son visage commençait à se vider des émotions qui le secouaient. Il leva les yeux vers son père, le fixant comme il aurait fixé un étranger. Il ne le connaissait pas, il ne savait pas ce qu’était cet être en face de lui, qui songeait être capable de ramener le Foudre de Guerre...

"Tu n’es pas à la hauteur."

Il ne tenait pas à lui dire de fuir pour autant : il y avait quelque chose de jouissif à voir son amant prendre le dessus aussi facilement, sans être aussi directement exposé. Andréalphus parvint difficilement à se redresser, récupérant ses dagues après avoir rangé son artefact dans une des petites poches dissimulées à l’intérieur de son corset. Il tanguait, rendu presque ivre par la violence des évènements, et sentit sa gorge se nouer.

Caleth l’avait eu en presque un coup. Ce n’était pas un combat, tout juste une mise à mort. A cause de lui. Andréalphus n’avait jamais songé qu’il puisse avoir un tel pouvoir, simplement parce qu’il était l’amant du Foudre de Guerre. Mais il était loin de se sentir fasciné, plutôt… Effrayé. Effrayé de ce pouvoir dont il n’avait jamais imaginé jouir, et qui aurait pu blesser son amant…

La nausée le prit lorsqu’il réalisa qu’il était déjà en train de le faire. Caleth avait ressenti sa peur. Il l’avait rejeté, non pas consciemment mais de la manière la plus viscérale possible, parce qu’il voyait bien que les éclairs dont l’élémentaire de foudre était couvert pouvaient le tuer. Put-être était-ce encore le cas.

Le regard du jeune démon se portèrent sur l’ange et il grave l’expression de Passachiel dans son esprit, pour se focaliser sur autre chose, temporairement, que la douleur pulsante de son oreille.

"Profites-en et vas-t-en, tu n’auras peut-être pas autant de chance la prochaine fois...", murmura-t-il, avant de prendre une inspiration pour réussir à parler plus fort : "Caleth… Venez, c’est fini, on rentre… Je vous en prie, je veux rentrer..."

Sans succès. Les éclairs bleus étaient toujours là, menaçants, lui interdisant de s’approcher de son amant. Andréalphus le fixa, cherchant comment l’atteindre. Si les mots ne servaient à rien… S’il n’était pas capable de se protéger par sa magie… Un vague sourire étira ses lèvres et il jeta ses dagues assez proche du démon majeur, soulagé de voir que les arcs électriques s’en rapprochaient. Cela suffirait certainement : cela devait suffire.

Le coeur battant, le petit brun se rapprocha. Il était certain qu’il pourrait tirer Caleth de là, s’il réussissait à le toucher. Il suffisait de briser le contact malsain entre le cadavre sur lequel il s’acharnait et lui. Il n’avait pas le droit de le laisser comme ça.

"Je… je m’approche, d’accord ?"

Il se retint au dernier moment de l’implorer de ne pas lui faire de mal. Il ressentait à nouveau la peur qu’il voulait combattre. Caleth était son amant, il n’avait pas peur de lui ! Il avait dit qu’il l’acceptait tout entier, c’était le moment de se le prouver.

Andréalphus essaya de se persuader que le premier pas était le plus dur à faire, mais le suivant, et encore celui d’après, furent pire. L’air semblait saturé du pouvoir de Caleth, lui donnant l’impression que tout son corps grésillait. Non. C’était certainement son imagination et sa peur qui parlaient, rien de plus…

Pourtant, un cri strident, de surprise autant que de douleur, échappa au sommelier lorsqu’un éclair le toucha, et il fit un bon de côté.

"Caleth ! Arrêtez, il est mort ! vous n’en avez plus besoin, tout va bien ! S’il vous plait… "

Il tremblait à présent. Mais ce n’était pas la faute de Caleth, ce n’était pas lui qui le visait. Les éclairs étaient plus attirés par les dagues qu’autre chose. Il ne risquait rien… Il se força à faire le pas suivant.

"Venez.", implora-t-il en tendant la main vers l’épaule de son amant.

Il était persuadé, de tout son être que, lorsqu’il l’aurait touché, tout rentrerait dans l’ordre. Il n’eut que le temps de frôler du bout des doigt l’épaule de son amant avant qu’un éclair bleu ne saute vers sa main, lui tirant un cri inarticulé alors qu’il était projeté en arrière, une douleur comme il n’avait jamais ressentie faisant exploser son bras, pénétrant son torse pour prendre le contrôle de ses poumons et les bloquer. Il ne sut pas si c’était à cause du choc en touchant le sol ou l’électrocution en elle-même, mais il perdit connaissance sans avoir pu tirer Caleth de sa transe...
Revenir en haut Aller en bas
Caleth Sha-Mothbeor

Caleth Sha-Mothbeor

Foudre de Guerre

Foudre de Guerre


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyLun 2 Avr - 19:16

La XIIIème Cohorte avait détaché des soldats à la surveillance des abords du Styx depuis l’apparition des brumes colorées. Les deux Capitaines de la Cohorte se relayaient les journées et les soirées de patrouille, et ce soir, Auctuns était d’astreinte avec son bataillon. Laissant la protection des civils à la IIIème Légion, la douzaine d’hommes avait principalement pour mission d’inspecter et relever toute différence notable d’un soir à l’autre. Caleth avait dû défendre sa décision d’envoyer un détachement malgré la présence des soldats du Seigneur de Guerre. Mais ce dernier se montrait généralement réceptif à ses requêtes, et compréhensif de son désir d’éviter des périodes d’inaction cantonnées aux terrains d'entraînement. Une attitude que le Commandant, habitué à des joutes d’autorité incessantes avec son précédent supérieur, appréciait à sa juste valeur.

Quand le chaos s'abattit sur la foule benoîtement installée pour admirer le spectacle, le bataillon se recomposa immédiatement en formation de défense. Auctuns savait que son Commandant était présent sur les berges, ce soir. Il l’avait évoqué à demi-mots lors de leur dernier repas commun au manoir, son expression obtuse trahissant la gêne qu’il éprouvait à admettre s’intéresser au phénomène pour des raisons autres que tactiques. Il avait également refusé avec véhémence la proposition du démon mineur qu’ils y aillent ensemble un soir où il n’aurait pas à patrouiller. Auctuns avait remarqué que depuis son changement d’affectation et sa montée en grade, son supérieur avait eu tendance à restreindre leurs sorties à deux. Il n’en avait pas pris ombrage, facilitant au contraire la diminution des occasions qu’ils auraient pu avoir de se retrouver seuls. Il se contentait d’accepter de rester pour le repas lorsque des débriefings se poursuivaient tard, surtout parce qu’il savait que le Commandant dînait trop souvent seul, étant apparemment incapable d’organiser des réceptions ou même d’inviter une poignée de connaissances. Et son Ange ne paraissait pas très enclin à lui faire la conversation.

Le bataillon quitta rapidement le sol pour gagner en visibilité, leurs montures volantes piaffant aux premiers éclats de batailles sous eux. Ils ne furent pas épargnés par des offensives ailées, et durent tailler leur chemin dans la nuée. Auctuns savait dans quelle direction aller pour retrouver son Supérieur, grâce à ce que ce dernier aurait appelé son sixième sens, et qui avait une origine beaucoup plus prosaïque que le Démon Majeur aurait très certainement décriée.

Ils abattirent leur part d’ennemis, et bientôt, le Capitaine put se fier à la seule vision de son oeil valide pour rejoindre son objectif. L’intensité et la taille des éclairs bleutés illuminant l’obscurité devant eux ne pouvaient pas le tromper. Il jura dans sa barbe en posant en catastrophe sa monture à plusieurs mètres de la source des éruptions magiques, juste à temps pour voir une silhouette aussi menue que celle de son supérieur se découper en ombre chinoise au sein d’une gerbe d’électricité.


“Ne l’approche…!”

Son injonction s’éleva trop tard, et le corps fut propulsé en arrière dans une nouvelle illumination bleue et blanche.

“Crétin !”, gronda le Démon Mineur. “Sécurisez le périmètre !”

Son ordre claqua alors qu’il s’élançait vers la silhouette étendue à terre, gardant un œil sur Caleth dont le pouvoir se déchaînait mais ne semblait pas gagner en intensité. Au contraire…

“Et merde !”

Du sang. Beaucoup trop de sang sur un périmètre restreint. Et il en reconnaissait l’odeur. Comme il aurait pu remonter la piste de son compagnon d’arme sur n’importe quel terrain. Il atteignit ce qu’il pensait déjà être un cadavre et le vit remuer faiblement, prenant d’abord le mouvement pour une réminiscence électrique agitant les muscles. Il le reconnaissait. Bien sûr, sa taille aurait dû le mettre sur la piste. La catin que Caleth avait choisi pour amant, pour une raison qui paraissait toujours nébuleuse à Auctuns, car en dehors du complexe de protecteur dont souffrait son supérieur, il n’aurait jamais cautionné ou recherché la présence d’un démon avec de telles habitudes de vie. En tout cas, pas lorsqu’il était encore un Colonel en isolement volontaire à la IVème. Sûrement une question de taille…

Il pencha rapidement son visage au-dessus de la bouche entrouverte. Pas de souffle. Auctuns serra le poing et l’abattit sans retenue sur le torse frêle, puis se pencha à nouveau.


“Par les couilles de Satan, mais respire ! Je n’ai pas que ça à foutre !”

Il le saisit par le nez et pencha sa tête pour dégager les voies aériennes. Inspirant profondément, il colla ses lèvres à celles du Seigneur Nisroch, et lui souffla plusieurs fois dans les bronches le contenu de ses poumons, le torse étroit se soulevant au rythme de ses expirations.

“Allez !”

Son poing heurta de nouveau l’emplacement du cœur, et le jeune démon se tordit à terre, cherchant enfin son souffle par lui-même, hoquetant et agrippant son torse et sa gorge, son bras.

“Thoal !”

Un des soldats de la cohorte les rejoignit, et Auctuns lui confia le civil hébété. Le militaire qui aida Andrea à s’asseoir en le hissant contre lui sembla avoir du mal à détacher son regard du spectacle de son Commandant s’acharnant sur une masse noircie méconnaissable, la foudre jaillissant à intervalles réguliers en une rythmique hypnotique.

Auctuns s’était approché prudemment, les éclairs enflammant l’ambre de son œil factice.


“Commandant !”

Sa voix portait bien plus que celle d’Andrea. Pourtant, il n’eut pas plus de succès. A cette distance, il pouvait constater l’étendue des blessures de son supérieur. Et le sang, partout. Pas uniquement le sien. Maculant jusqu’au visage aux mâchoires crispées. Un masque de mort aux yeux révulsés. Auctuns jura de nouveau, eut un bref regard vers les dagues à sa ceinture. Trop dangereux. Son œil inspecta rapidement la zone alentours, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait. Il courut jusqu’à l’objet providentiel, le saisissant solidement par une épaisse poignée de cheveux, et fit tournoyer la tête tranchée comme il l’aurait fait avec une fronde, lorsqu’il chassait du menu gibier. Le projectile partit, quelques mèches lui restant entre les doigts, et percuta violemment l’arrière du crâne de Caleth. Le commandant fut projeté par le poids, mais une de ses mains resta agrippée au cadavre qu’il chevauchait, et il bascula sans grâce vers l’avant, s’effondrant en un tas informe. Les éclairs cessèrent enfin d’illuminer la nuit, mais le corps de Caleth restait nimbé d’une aura bleutée crépitant faiblement.

Le capitaine s’approcha plus franchement, vérifiant la distance entre eux et le soldat étreignant le civil blessé. Il se pencha vers le corps recroquevillé de son supérieur.

“Qu’est-ce que tu as encore foutu ? Allez, arrête tes conneries. Je te ramène à l’infirmerie.  Je sens qu’on va avoir un beau bordel à gérer dans les prochains jours.”

La main qu’il tendit pour attraper son compagnon à l’épaule et le retourner fut happée par une étincelle et il ramena vivement ses doigts endoloris contre lui en jurant.

“Bordel de merde, Caleth !”

Avec un grondement, Auctuns laissa son aura se dilater jusqu’à se confronter à celle de son supérieur. C’était leur méthode de communication d’urgence depuis les débuts de Caleth dans l’armée. Quand ils ne pouvaient pas échanger par la parole et qu’Auctuns voulait l’avertir, la plupart du temps de la nécessité impérieuse de la fermer. Parfois simplement pour lui démontrer son soutien lors d’un passage de savon par un officier. C’est comme ça qu’il était devenu au fil du temps l’ombre du Démon Majeur. Toujours à ses côtés, ou juste derrière son épaule. Le seul à se voir autoriser cette proximité, au début par nécessité, puis par habitude. Et Caleth avait appris à réagir instinctivement à la pression de l’aura du Démon Mineur. Même lorsque la rage lui bouffait les tripes et que son pouvoir menaçait de s’exprimer violemment. SURTOUT dans ces cas-là.

Les lueurs bleues s’estompèrent, comme soufflées par le vent, et le capitaine se saisit immédiatement du corps prostré pour le retourner, grognant à la vue de la plaie béante sur le flanc déchiqueté. Il soutint d’une main la tête qui retombait mollement en arrière, les paupières mi-closes ne laissant voir que le blanc de l’œil. Ses doigts cherchèrent le pouls à la gorge, et il eut une grimace d’agacement, avant de gifler Caleth à la volée. Le petit démon tenta péniblement de relever la tête, les paupières papillonnant alors qu’Auctuns lui retirait son écharpe et la roulait en boule pour la presser contre son flanc, compressant la plaie. Le fait que son Commandant ne réagisse pas à la douleur de la pression inquiéta davantage le capitaine qu’une franche manifestation de souffrance. Il referma la main de son cadet sur le bandage de fortune.

“Tiens ça et ne lâche pas. Je vais te porter jusqu’à…”

Une main glacée se crispa sur le bras qu’il voulut passer sous les jambes de Caleth, et ce dernier tenta maladroitement de se redresser par lui-même. Auctuns le porta plus qu’il ne soutint, accompagnant ses gestes. Il pouvait sentir l’énergie élémentaire circulant encore dans le corps de son supérieur. Probablement la seule force le maintenant encore debout, les muscles se crispant spasmodiquement. A peine mieux qu’un cadavre réanimé magiquement. Un souffle s’échappa des lèvres bleuies.

“Andrealphus…”

Le Démon Mineur jeta un regard au soldat maintenant contre lui l’amant de son supérieur.

“Il va bien. Il est avec Thoal. On va l’évacuer.”

Caleth bascula en avant en trainant les pieds, et aurait de nouveau embrassé le sol sans les bras d’Auctuns passés autour de lui.

“Ça suffit. Il vaut mieux qu’il ne te voit pas de près pour le moment. T’as vraiment une sale tête, et ton petit feu d’artifices a déjà dû lui coller suffisamment la trouille.”

Andrealphus et Caleth n’étaient qu’à une dizaine de mètres l’un de l’autre, mais le Démon Mineur doutait fortement qu’aucun des deux ne soit capable de rejoindre l’autre. Et il entendait bien maintenir cet état de faits. Au moins jusqu’à ce que son supérieur soit physiquement en état d’encaisser la révélation des dommages collatéraux lui étant imputables. Car il ne doutait pas que la petite catin reviendrait rapidement pleurer dans les bras de son amant pour jouer de sa culpabilité.

Il entraina Caleth vers sa monture, grognant contre le nouveau refus de ce dernier de se laisser porter. Son cadet avait cependant l’air moins combatif depuis qu’il avait évoqué la réaction du Seigneur Nisroch face à son débordement énergétique. Il avait certainement pris la bonne décision en ne le laissant pas en voir les conséquences directes. Il se hissa en selle sans difficulté en ceinturant son supérieur. Il n’avait jamais pesé lourd, et paraissait plus frêle que jamais alors qu’il l’installait contre lui. Le masque blafard et sanguinolent se leva brièvement vers lui, mais le regard vairon, dont l’œil droit semblait moins pâle que d’habitude, plus proche de sa couleur verte originelle, passa à travers lui, avant que la tête ne bascule lourdement contre son bras.


“Caym…”, l’entendit-il murmurer dans un souffle déchiqueté.
“Je ne vais pas faire le tour de tous les gars que tu t’es tapé. Les légions sont déployées. Nos hommes font le tour des berges. Si ton “Caym” est encore en vie, ils vont le tirer de là.”

Il rapprocha sa monture de Thoal qui soutenait toujours le Seigneur Nisroch.

“Assurez-vous qu’il soit escorté chez lui et soigné. Le commandant exigera certainement un rapport plus tard.”

Auctuns abaissa le regard sur le corps chétif entre les bras de son subordonné. Sur les extrémités noircies, le sang le maculant par endroits, la tunique déchirée laissant apparaître les traces d’électrocution jusque sur le torse, en un dessin similaire aux éclairs qui les avaient gravés dans la chair en remontant le bras. L’avorton était plus solide qu’il n’y paraissait.

D’une impulsion, il fit effectuer une volte à son destrier volant, et s’éleva bientôt pour prendre le plus court chemin jusqu’à l’infirmerie militaire du Palais, serrant contre lui un corps dont la température chutait à chaque minute.
Revenir en haut Aller en bas
Andréalphus Nisroch

Andréalphus Nisroch

Politicien en jupette

Politicien en jupette


Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] EmptyLun 2 Avr - 19:17

La douleur fut telle qu’il réussit enfin à prendre l’inspiration qui débloqua le fonctionnement de ses poumons. Andréalphus écarquilla les yeux, sans réussir à accommoder sa vision dans un premier temps. Tout était flou, la masse au dessus de lui. Il tendit la main vers celle-ci pour s’y accrocher, eut un gémissement en se faisant écarter.

Il n’avait pas l’impression qu’il y ait le moindre endroit de son corps qui ne lui fasse pas mal. Il se laissa manipuler et asseoir par terre, se reposant contre ledit Thoal. Il n’osait pas vocaliser la crainte au sujet de ses yeux, n’était pas certain de pouvoir parler, de toute façon, vu son état. Sa cage thoracique lui faisait si mal qu’il aurait préféré pouvoir cesser de respirer.

Andréalphus suivit tout de même du regard le démon qui se dirigea sans crainte apparente vers Caleth. Son coeur se serra à l’idée que lui.. Les choses fonctionnent différemment. Aux cornes qu’il commençait de mieux en mieux à voir, il se doutait que c’était le sergent qui avait suivi Caleth. Auctuns.

Pourtant, celui-ci ne chercha pas à se rapprocher du Foudre de Guerre. Un vague dégoût souleva Andréalphus en voyant qu’il utilisait la tête du démon mineur, cornes comprises, pour assommer proprement son amant. Il se crispa, accentuant ses sensations de brûlure.

"Veux.. Y aller...", souffla-t-il en tendant la main vers Caleth.

Ses yeux se posèrent alors sur sa main, sa vision revenant progressivement, et il manqua de s’évanouir. Il avait mal. Les extrémités étaient noires. Calcinées. L’idée de devoir être amputé du bout des doigts s’inscrivit dans son esprit, lui tirant un gémissement de bête blessée, et il cacha par réflexe son visage contre le torse du soldat. Ne pas y penser. Ne surtout pas y penser, ne pas se laisser envahir par ce que pouvaient être les séquelles laissées par son amant. Il aviserait lorsqu’il saurait.

Ce fut en sentant Thoal bouger qu’Andréalphus se força à reporter les yeux sur la scène. Caleth qui se relevait pour s’écrouler dans les bras de certainement Auctuns. Thoal ne l’aidait pas à se rapprocher de son amant, lui tirant un gémissement. Il voulait y aller… Personne ne bougea en ce sens, et ses tentatives se soldèrent par la réalisation que ses jambes ne lui répondaient plus. Sous le choc, il ne parvenait même plus à réaliser que cela signifiait qu’il ne marcherait peut-être plus. Comme pour sa vision, les choses allaient revenir d’elles-même. Vision qui restait floue pour l’instant. Il ne tint pas debout seul lorsque Thoal se redressa face à Caleth et Auctuns, mais tendit la main vers le Foudre de Guerre.

"Caleth… laissez moi...", souffla-t-il en fixant son amant. "S’il vous plait..."

Auctuns avait déjà fait tourner les talons de sa monture, sans prendre en compte les suppliques d’Andréalphus. Peut-être était-ce mieux ainsi. Mais dans son état… il aurait voulu l’assurance de ne pas être seul, de ne pas laisser Caleth seul. Certainement ce dernier était-il entre de meilleurs mains. Il songea brièvement à demander à être raccompagné chez Garyuda, mais peut-être… Etait-ce mieux que le moins de monde possible soit au courant de son état. Il se recroquevilla contre Thoal, sans rien dire, et se laissa transporter sans même chercher à regarder autour de lui. Il perdit connaissance durant le trajet, certainement heureusement pour lui, ce qui lui permit d’échapper à la douleur constante qu’il ressentait.

Ce fut dans la Géhenne qu’il rouvrit un oeil, épuisé, mais il ne chercha pas à parler avec le soldat qui le tenait. Il fut ramené dans sa chambre et allongé alors qu’un domestique allait chercher un médecin, et fut enfin laissé seul.

Lorsqu’il était revenu en mauvais état à cause des infernaux, Malphas était là. Il ne s’était pas senti aussi seul, incapable de faire appeler Mipute pour tromper encore une fois ce sentiment. Il regrettait son frère plus que jamais. Songeant à lui faire porter un messager pour réclamer, en tant que chef de famille, sa présence, Andréalphus leva la main au dessus de lui. Il blémit devant l’état de celle-ci. Les extrémités noires. Les marques sombres sur la main, remontant vers le poignet…. Il eut un début de sanglot, s’essuya rageusement le nez de sa main indemne. Il avait saigné également…

Il voulait cesser de réfléchir. Ce n’était pas son corps qui pouvait ressembler à ça. Ce n’était pas, cette fois, une cicatrice que Satan ferait disparaître sur un coup de tête...

Lorsque le médecin l'examina, il essaya de ne pas raccrocher ce qu’il lui disait à son état. Séquelles. Il en aurait, et certainement pas uniquement visibles. Tout ça pour ne même pas avoir réussi à aider Caleth… Alors que les drogues pour calmer la douleur endormaient son esprit, il se promit d’épargner au possible tout cela au soldat. Il lui devait bien ça, en attendant d’être capable de porter à nouveau sa boucle d’oreille...
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]   Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Chapitre 5 - Attaque des primordiaux sur les rives du Styx [Caleth]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Primordiaux - PNJs primordiaux
» Chapitre 5 - Infiltration
» Chapitre 5 - Tentative de retour à la normale [PV Sreyn]
» Draak : source du Styx
» [TEXTE] Caleth - flashback part.1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Per Aspera ad Inferi :: Zone Events :: Archives Event-
Sauter vers: